Les semaines du cinéma suisse

Les semaines du cinéma suisse - 2011

Durant la seconde moitié du XXe siècle, peu d’initiatives de Pro Helvetia atteignent un rayon de diffusion aussi large que les semaines du cinéma suisse. En 1969, la première semaine du cinéma suisse est organisée à Paris, avant que ce type de manifestation ne se transforme en un des éléments les plus importants de la présence culturelle suisse dans le monde. Jusqu’à la fin des années 1980, les semaines du cinéma ont lieu dans plus de trois cents villes sur tous les continents. Coïncidant avec l'élargissement de l'échange culturel vers les sphères culturelles non-occidentales, elles permettent à Pro Helvetia pour la première fois d’être présente dans des pays comme l’Angola, le Mozambique ou encore l’Indonésie, absents jusqu’ici de la géographie culturelle helvétique.

Les semaines du cinéma ont leur origine dans l’essor du nouveau cinéma suisse des années 1960 et 1970, appelé ainsi par opposition au cinéma des années 1940 et 1950. Ce dernier véhiculait souvent une vision très traditionnelle de la Suisse.

En 1964, les courts métrages d’Henry Brandt pour l’exposition nationale de Lausanne annoncent ce renouveau et établissent en même temps les sujets porteurs de ce nouveau cinéma : la haute conjoncture, la spéculation foncière, l’afflux d’ouvriers étrangers, la société de consommation, les problèmes écologiques et l’isolement de la Suisse sur la scène internationale. Parmi les cinéastes les plus marquants du nouveau cinéma suisse figurent les Romands Henry Brandt, Michel Soutter, Alain Tanner, Claude Goretta et Yves Yersin, qui partagent tous le souci de susciter une réflexion critique sur le présent et d’appeler au débat.

Saisissant l’occasion offerte par le succès international du nouveau cinéma suisse, Pro Helvetia commence, dès la fin des années 1960, à s’intéresser au septième art en tant que vecteur du rayonnement culturel. Dans ce but, elle entame une collaboration étroite avec l’Association suisse des réalisateurs, qui devient son principal partenaire dans l’organisation des semaines du cinéma.

Sur le plan de l’image de la Suisse, les semaines du cinéma des années 1970 et 1980 constituent une rupture importante par rapport à l’après-guerre. Critiquées en Suisse en raison de leur dimension subversive, les productions des réalisateurs de la jeune génération deviennent à l’étranger un moyen puissant de démythification et de « normalisation » du Sonderfall. Parmi les films projetés lors des semaines du cinéma suisse figurent notamment Siamo Italiani d’Alexandre Seiler, consacré à la vie précaire des ouvriers italiens en Suisse, et L’exécution du traître à la patrie Ernst S. de Richard Dindo, qui brise le mythe d’une Suisse unanimement dressée contre le national-socialisme et le fascisme.

Dans de nombreux cas, la projection de ces films controversés provoque des réactions négatives des Suisses à l’étranger et des représentations diplomatiques suisses, engagées dans un travail de promotion de l’image. En 1972, le consul général à Montréal n’hésite pas à faire retirer du programme tous les films qui, selon lui, nuisent à la réputation de la Suisse. (tk)

Fonds d’archives
AFS E2003(A) 1980/85, Vol. 385

Bibliographie
Buache, Freddy : Le cinéma suisse, Lausanne, L‘Age d’Homme 1974
Schaub, Martin : L’usage de la liberté : le nouveau cinéma suisse 1964-1984, L’Age d’Homme, Lausanne 1985 

"Siamo Italiani", 1964

Les semaines du cinéma suisse - 1964

Réalisé en 1964, le film Siamo Italiani d’Alexander Seiler est consacré aux conditions de vie précaires des ouvriers italiens en Suisse. Il inaugure une longue série de documentaires consacrés à l’immigration. En 1972, Pro Helvetia présente Siamo Italiani dans le cadre d’une exposition à Montréal et suscite la colère du consul suisse. Accusant la Fondation de détruire l’image de la Suisse à l’étranger, celui-ci fait retirer le documentaire du programme.
Affiche de Siamo Italiani, 1964
Bibliothèque nationale, collection des affiches
 

"Les arpenteurs", 1972

Les semaines du cinéma suisse - 1972

Réalisé en 1972, le long-métrage Les arpenteurs est un des films les plus importants de Michel Soutter, pionnier du nouveau cinéma suisse. Il révéla les deux comédiens Jean-Luc Bideau et Jacques Denis.

Affiche de Pro Helvetia pour une semaine du cinéma suisse, 1986.
Bibliothèque nationale, collection des affiches
 

"Les petites fugues", 1979

Les semaines du cinéma suisse - 1979

En 1979, Yves Yersin réalise le long-métrage de fiction Les petites fugues. Ce film raconte les aventures sur deux roues de Pipe, garçon de ferme. Au cours de ses randonnées en vélomoteur, Pipe découvre le monde autour de sa ferme. Durant les années 1980, le film fait partie de nombreuses semaines du cinéma suisse organisées par Pro Helvetia à l’étranger.
© Film & Vidéo Productions, Lausanne
www.lespetitesfugues.ch
 

"Les petites fugues", 1979

Les semaines du cinéma suisse - 1979

Yves Yersin pendant le tournage du film Les petites fugues. Né en 1942 à Lausanne, Yves Yersin est une des figures les plus marquantes du nouveau cinéma suisse.
www.lespetitesfugues.ch
 

"Les petites fugues", 1979

Les semaines du cinéma suisse - 1979

Dans Les petites fugues, le Cervin devient un symbole d’évasion et de découverte.
www.lespetitesfugues.ch
 

"Les petites fugues", 1979

Les semaines du cinéma suisse - 1979

Affiche de Pro Helvetia pour la diffusion du film à l’étranger, 1984.
Bibliothèque nationale, collection des affiches
 

"New Swiss Cinema"

Les semaines du cinéma suisse - 1983

Affiche de la semaine du cinéma suisse organisée en 1983 à Washington.
Bibliothèque nationale, collection des affiches
 

Daniel Schmid

Les semaines du cinéma suisse - 1984

Durant les années 1980 et 1990, les films du cinéaste grison Daniel Schmid connaissent un succès important à l’étranger. Ils font partie de nombreuses semaines du cinéma suisse organisées par Pro Helvetia. En 1983, une rétrospective de l’œuvre de Schmid a lieu dans plusieurs villes du Japon.
Affiche de Pro Helvetia, 1984
Bibliothèque nationale, collection des affiches